« Si l'on peut être nostalgique de ce que l'on n'a pas vécu, c'est d'abord que ce sentiment désigne au fond une révolte contre le temps qui passe, son irréversibilité, sa clôture. Mais c'est également que la nostalgie se déploie depuis le futur. D'un point de vue existentiel et politique, on peut l'envisager comme une méthode critique, un geste subversif.
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Plutôt qu'un retour aux origines, elle engage alors un détour par le passé, une façon de le déverrouiller et de raviver ses rendez-vous manqués, ses rythmes discordants, ses possibilités enfouies. “Brosser l'histoire à rebrousse-poil, dit Walter Benjamin, c'est y rallumer l'étincelle de l'espérance.” “Le nostalgique s'installe dans l'invincible espérance, ajoute Vladimir Jankélévitch, parce qu'il se reconnaît citoyen d'une autre cité et d'un autre monde.” Nostalgiques de ce que nous n'avons pas vécu (pas encore !), nous éprouvons ainsi la puissance utopique d'une émotion qui disloque les fatalités du présent en libérant un passé toujours à naître, un passé à venir. » Textes de David Berliner, Barbara Cassin, Catherine Chalier, Hélène Cixous, Catherine Cusset, Vincent Delecroix, Thomas W. Dodman, Hervé Le Tellier, Géraldine Muhlmann, Camille Riquier, Stéphanie Roza, Jean-François Sirinelli. Un grand entretien avec Arnaud Desplechin. (4e de couverture)